Les fours
S’il est bien un domaine où la pratique l’emporte sur la théorie, c’est la cuisson de la poterie. Ce mélange de joie et d’inquiétude qui envahit les plus expérimentés à l’ouverture de la porte d’un four, ferait mentir le vieux proverbe « il ne faut pas jouer avec le feu ».
Dans son traité élémentaire de minéralogie, Brongniart définit un four comme un ensemble de 4 parties :
la bouche, le foyer, le laboratoire et la cheminée. Ainsi le four permet de cuire les céramiques dans le laboratoire (ou chambre), grâce à la production de chaleur du foyer (ou alandier) où brûle le combustible grâce au comburant, l’air, apporté par la bouche. Les produits de la combustion sont évacués par la cheminée qui détermine aussi l’aspiration de l’air par la bouche.
Toute l’histoire des fours est une lente évolution de la « place » et de la « forme » de ces 4 parties, jusqu’à l’avènement du four électrique, qui, se passant de combustible, supprime d’un coup bouche, foyer et cheminée.
Si le four électrique présente de réels avantages sur les autres formes de cuisson, installation simple et économique, facilité de conduite de cuisson, sécurité de fonctionnement, il limite toutefois le nombre de types de céramique qu’on peut y cuire. Etant donné que l’atmosphère de la chambre de cuisson est constante et plutôt neutre, tous les effets de réduction totale ou partielle sont écartés.
Dans les fours à combustion (gaz, mazout…), l’uniformité de la cuisson électrique fait place aux variations infinies et parfois accidentelles grâce au principe de réduction atmosphérique
Quant au four à bois, technique résolument moderne et contemporaine, dont les origines remontent au feu de camp primitif ou au simple trou creusé dans la terre, il apporte en plus de la chaleur et de l’atmosphère nécessaire à la cuisson, les cendres minérales provenant de la combustion du bois.
Daniel Rhodes introduit son ouvrage « les fours » par ce propos :
« De tous les arts, la céramique est celui qui utilise le plus directement la terre, l’eau, l’air et le feu, ces éléments considérés par les anciens comme l’essence même de notre monde. Le feu en est la clef. »
Pour permettre l’action du feu sur la terre, le four se doit d’y ajouter son mystère.
« Le potier élabore une cause, le four décide ou non de la révéler. » Bernard Leach